Perfect Days, un film de Wim Wenders

Du lever au coucher du soleil
Un corps qui respire
Un corps en mouvement qui renouvelle ses gestes routiniers.

Un homme qui mange, avec d’autres
Un homme qui se baigne, avec d’autres
Un homme qui travaille à nettoyer les déchets des corps.

Un homme silencieux
Un homme à l’écoute de ce(ux) qui l’entoure(nt)
Un homme qui lève son regard vers le ciel.

Un regard qui se pose sur une jeune pousse
Un regard qui se tourne vers la lumière perçant à travers les feuilles
Un œil qui scrute la tâche et saisit un instant décisif.

Wim Wenders dessine le portrait d’un homme qui sait se faire disparaître au milieu des autres.
Hirayama, il est celui qu’on ne regarde pas dans son labeur ; quand bien même l’architecture des lieux est soignée et gadgétisée, ces lieux restent ceux du dépôt, des déchets. Hirayama est un silencieux qui lit et écoute des écritures venues d’ailleurs et d’avant. Cet underground qu’il laisse passer de lui ne laisse pas indifférent celles et ceux qui le côtoient et le rencontrent. Qui est-il ? D’où vient-il ? Que pense-t-il ? Quelle est son histoire ? etc. Ses silences accentuant l’énigme.

Wim Wenders dessine le portrait d’un homme à l’œuvre. D’un qui peut prendre à sa charge le déchet, d’un qui peut entendre les mots qui cherchent à se consoler quand la mort frappe, d’un qui ne recule pas devant le sous-terrain. La lumière dans la forêt.

Wim Wenders construit un film d’une esthétique minimaliste. C’est en épurant la ronde du quotidien, en resserrant la routine à quelques gestes que de subtiles et vivaces variations peuvent prendre la lumière et s’éclairer. 
Aller à ce qui fait l’os d’une vie, toute en ombres et lumières, aller à cet effeuillement-là permet que s’attrape l’inattendu. Ce qui surgit d’un instant à l’autre ne pouvant être saisi que par l’attention portée au temps qui précède. Une photographie succédera à une autre.

Rien ne change. Et pourtant. La trouvaille est là, composition de ce qui a été.
Perfect Days, pour dire la joie d’une existence.
En un sourire.

Kristèle Nonnet-Pavois