L’art dans les chapelles

Pays de Pontivy
Vallée du Blavet

La 26ième édition de l’ART DANS LES CHAPELLES vient de se terminer. Une manifestation qui a réuni cette année treize artistes contemporains dans vingt sites patrimoniaux en l’occurrence les chapelles de la région de Pontivy.

Une façon d’expérimenter la relativité du temps, les artistes contemporains offrant leur interprétation créative à l’Histoire révolue et aux artistes disparus. Se remémorer également que les lieux d’Eglise furent les premiers musées gratuit offrant au regard des pèlerins des œuvres qui leur seraient restées inaccessibles.

Connexion entre le passé et le présent, l’interprétation de l’Histoire, la mise en abyme du récit. Comme cette œuvre d’Henri Jacobs à la chapelle Sainte-Tréphine , intulée Mise en abyme où l’artiste a rapporté à la chaux bleue sur les murs blancs une succession de motifs géométriques croissants en nombre de côté pour symboliser le passage du temps et symboliser le récit de l’histoire de Sainte Tréphine illustrée sur les plafonds. Une maquette de la chapelle se trouvant à l’intérieur, Henri Jacobs interroge le passé et le présent, le dedans et le dehors, le poids de l’histoire dans le vécu de chacun autant que la trace que chacun peut garder qui n’est pas sans référence aux coordonnées effacées.

C’est aussi ce que présente Alain Fleisher à la chapelle Notre-Dame-du-Moustoir dans son œuvre intitulée Les Paroissiens. L’artiste a rassemblé des photographies fournies par les habitants du village voisin. Ces visages ainsi recadrés sont projetés dans la chapelle et le visiteur est invité à jouer avec ces images à l’aide de petits miroirs. Ainsi la projection est au choix de chacun : qui vais-je faire apparaitre ? Qui vais-je occulter ? Mise en scène de la construction subjective, effectivement pas sans référence au stade du miroir de Lacan, mais surtout pas sans l’Autre a qui chacun peut attribuer une place à sa mesure.

Itinéraire de création là où le temps se fige. Un nouveau regard dans un même espace renouvelé chaque année. L’art comme un symptôme qui parle à ceux qui veulent entendre et où parfois même l’absence de sens ne laisse pas totalement indifférent.

Ainsi Lacan affirmait-t-il du peintre : « Il donne quelque chose en pâture à l’oeil, mais il invite celui auquel le tableau est présenté à déposer là son regard, comme on dépose les armes(1). » Rendez-vous donc l’été prochain.

(1) LACAN, J., Le Séminaire, Livre XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, transcription de Jacques-Alain Miller, Paris : Le Seuil, 1973, p.93.