Brest (05/06/2021)
reporté date ultérieure Jean-Michel Arzur « Distanciel ou présentiel ? »

« L’homme augmenté ».

Le projet étant de savoir, au bout du compte comment survivra l’inconscient freudien dans cet avenir incertain fait de robots, de machines, de cyborgs, de posthumains, de savants fous, ou non, ou plus ou moins. Parallèlement, et pour accompagner nos après-midis, se met en place un cartel consacré à la lecture du texte de Lacan « La Troisième ».Il y sera question aussi des productions délétères de la science, de ses gadgets, portés par un discours capitaliste décérébré. Lacan s’y montre bien pessimiste, puisqu’il interroge la capacité humaine à s’auto- détruire « grâce » aux découvertes nouvelles, notamment celles de bactéries capables de « glisser sous le pas de la porte » et de nettoyer le parlêtre. Le soi-disant « homme augmenté » de la Silicon Valley ne serait-il rien d’autre qu’un homme diminué dans son humanité? Lacan savait réfléchir au-delà de son époque et nous réveiller : notre virus couronné est bien le fils de nos entrailles, enfant de la déforestation intensive et du franchissement de la barrière des espèces. Depuis toujours l’homme a cherché à conjoindre le réel et le jeu des symboles. Lacan le dit, là encore. L’homme a mis des chiffres à l’endroit où s’arrêtait, à chaque heure, l’ombre du soleil. Il a pensé qu’il suffisait d’une porte imaginaire ornée de quelques nombres pour pacifier l’insistance du réel. Et le savant hésite, tantôt séduit par ses propres créatures tantôt effrayé par elles, souvent convaincu par sa nouvelle façon de conjuguer l’humain. La porte, nous dit Lacan, est de l’ordre symbolique; mais sait-on si elle ouvre sur le réel ou sur l’imaginaire? « La porte est un vrai symbole, le symbole par excellence, celui auquel se reconnaîtra toujours le passage de l’homme quelque part, par la croix qu’elle dessine, entrecroisant l’accès et la clôture ». Il s’agira ici, non de la « boucler » mais de la prendre et de l’ouvrir aux confins d’un autre littoral.