Rennes (16/12/2021)
Séminaire collectif de psychanalyse – « A quoi tu joues ? »

A quoi tu joues ?

En 1953, dans son discours à Rome, Lacan affirme « Le jeu, c’est le sujet ». A quoi il ajoute que « le battage des cartes le précède, que les règles se sont élaborées sans lui, que d’autres ont biseauté les cartes, qu’il peut en manquer au paquet, que les vivants (…) ne feront d’annonce qu’à leur couleur, et qu’à quelque jeu que l’on joue, l’on sait qu’on ne jouera jamais qu’au jeu ».

Cette assertion du « sujet » dans le jeu est un point de départ fondamental à ce travail de séminaire. Ajoutons à cela que la concision de la formule renvoyant à la dimension subjective laisse à penser que l’abord en vaut la chandelle… psychanalytique en tous les cas.

L’enfant avec sa pulsion de jeu quasi permanente témoigne de ce fait simple qu’il est parfois essentiel pour un sujet de « jouer », ne serait-ce que pour redonner la couleur d’une « fiction » au réel traumatique, comme le dépeint avec émotion le film de Roberto Begnini La vie est belle. Ou tout simplement pour lutter contre un ennui mortel. Un « je » d’enfant donc.

Plus grand, le sujet continue de jouer… mais à autre chose. Ici s’ouvre la question des jeux de l’amour ou de « la mourre », comme Lacan l’écrira notamment en référence au « pierre, feuille, ciseaux » de Lol V. Stein.

Au bal des dupes et du semblant, la structure révèle ce point d’où les masques tombent. La ronde s’arrête pour laisser entrevoir l’existence du non-rapport sexuel.

Pendant que l’amoureux joue à « cache-cache » avec son partenaire, l’enfant attrape les mains de l’autre, lui réclamant un énième « coucou-caché ».  Ces deux satisfactions réservent, dans les deux cas, la surprise d’un dévoilement.

Décliné selon la logique différentielle des sexes, nous pouvons également interroger « l’enjeu » côté hystérie et le « hors-jeu » obsessionnel, deux balises cliniques posées par Lacan dans son enseignement.

A partir de l’expérience singulière s’ouvre un champ de la psychopathologie quotidienne qui n’est pas sans lien avec le signifiant que la logique du jeu produit.

Dans ses travaux, Lacan se sera largement appuyé sur le pari de Pascal pour expliciter un certain nombre de points de sa théorie analytique. Par ce détour, il nous fait entendre la langue des jeux de hasard qui se déplie autour de notions comme la mise de départ, l’enjeu, le gain ou encore la perte.

Cet exemple du lexique nous permettra d’ajuster nos considérations à la mesure des signifiants qui « règlent » le rapport du sujet au désir et à la jouissance comme « règle » du jeu analytique.

Sur le terrain du langage, les enfants – qui peuvent avoir une certaine liberté dans leur rapport aux mots – et les faiseurs d’humour nous apprennent les jeux de la langue. Nous ne sommes pas loin du Witz freudien qui arrive comme un « trait » découpant le sens premier pour faire surgir la surprise de l’esprit, affine de l’inconscient.

Plus largement, le thème a de quoi évoquer les embarras de certains sujets autistes, psychotiques, peut-être particulièrement les plus lucides, sur les codes du jeu social, le théâtre du monde. Avoir en poche les règles du jeu n’est pas donné à tous.

Dans ces nuances, ajoutons que jouer n’est pas toujours une partie de plaisir. Le sujet « addict » en sait quelque chose, le mauvais perdant aussi.

Pour finir, le jeu nous rappelle à l’ordre des pulsions et des affects. Il suffit de tendre l’oreille à la colère du mauvais perdant, à la rage du battant ou bien encore à la honte du dernier au classement. Et que dire de l’agressivité telle qu’elle prend place dans la fonction imaginaire de la relation à l’autre qu’impliquent les jeux d’adversaire et de compétition.

Les sept soirées du séminaire donneront le « tempo » d’un travail mené au rythme singulier d’un « petit manège » dans lequel chacun est invité à s’embarquer.

Séminaire ouvert à tous.

Inscription payante en ligne sur HelloAsso (15€ pour les 7 soirées / 3€ pour une soirée) :

A la maison des associations (conditions d’accès précisées ultérieurement) et diffusé par zoom (les codes seront transmis aux inscrits)

Dates de soirées : 14/10/21 ; 18/11/21 ; 16/12/21 13/01/22 ; 24/02/22 ; 24/03/22 ; 28/04/22

Contacts : Gwénaëlle Dartige g.dartige@gmail.com, Marie-Laure Choquet mldune@yahoo.fr

Soirée du 16 décembre « Que risque-t-on ? » animée par Ludivine Beillard-Robert, avec les interventions de Guillaume Landry « Hé ! C’est pas du jeu ! » et Anaïs Palud « Fragment d’un rêve de jeu »

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  • Date(s) : 16/12/2021
  • Horaires : 21h00 - 23h00
  • Lieu : Maison des Associations 6 cours des Alliés Rennes