Rennes (12/01/2023)
Séminaire collectif 2022-2023 : Résistance(s)

Résistances, différences

Jeudi 12 janvier 2023, 21h

« Fragments d’une analyse et coordonnées d’une résistance », de Aurélien Malherbe
« Pas de fumée sans feu », de Bérangère Prieur
« La résistance d’un impossible », de Paloma Bouvarel
« Au quart de tour » de Steven Floch’lay
Soirée animée par David Bernard

09 FÉVRIER 2023 – « Soumission, désir et obéissance », M.-L. Choquet, C. Gicquiaud, G. Landry & F. Miles
09 MARS 2023 – « Résistance(s) et discours », A. Faure & A. Lévy
06 AVRIL 2023 – « Résistances subjectives », M. Guibert & P. Lasne

Résistance(s) : aujourd’hui, les résonances de ce thème sont multiples.
Résistance(s) au singulier et/ou au pluriel.
Ce titre aurait pu sonner comme un slogan. Il n’en sera rien. Il ne s’agira pas de politique, en tout cas pas d’une politique des mœurs indiquant des positions soi-disant éthiques ou des conduites à tenir. Le risque serait alors de faire de la politique au nom de l’inconscient. En 1967, lors de son séminaire, Lacan énonce « Je ne dis même pas « la politique c’est l’inconscient » mais, tout simplement, « l’inconscient, c’est la politique (1) ! » ». Qu’indiquait-il là ?
À le lire trop vite, nous pourrions nous précipiter dans la prise de parti, de partis politiques, oubliant combien Lacan n’a jamais versé dans le commentaire systématique de l’actualité de son époque ; plutôt l’aura-t-il interprétée. Si l’inconscient c’est la politique, pourquoi ne pas s’intéresser à l’inconscient ? Et entr’apercevoir les incidences de ce dernier sur la politique, pour penser les rapports de la psychanalyse aux autres discours.
C’est ainsi que le séminaire collectif, séminaire à plusieurs voix s’accorde sur Résistance(s) pour proposer différentes lectures de celle(s)-ci.
« La résistance est-elle un phénomène qui se passe dans l’analyse seulement (2) ? »
D’ores et déjà nous pourrons réfléchir autour de ce qui pousse le patient à s’adresser à l’analyste : son symptôme n’est-il pas déjà une résistance ?
Tout au long de son travail Sigmund Freud se sera engagé dans une recherche de la vérité, la vérité du sujet (3) . C’est ainsi qu’en pratiquant l’hypnose à ses débuts, les mains appuyées sur la tête de ses patients jusqu’à ce que quelque chose leur vienne à l’esprit, il prendra la mesure de la puissance de la suggestion. Cette suggestion qui tente de forcer les résistances.
Justement cette tentation, la tentation de forçage et de contrainte qui apparaît très vite à l’endroit où précisément ça résiste. D’abord avec ces enfants et adolescents dont les parents, les professeurs, les éducateurs ne savent plus comment leur « faire rentrer dans le crâne » les règles afin qu’enfin ils obéissent. Et les effets de colère, de rage devant ce qui résiste. Pensons seulement aux coups de pieds donnés dans une machine qui ne fonctionne pas. Ne serait-ce pas là des affects semblables à l’insupportable devant l’autre qui présente quelques résistances ? De ces résistances qu’il faudrait faire céder, s’ouvre le champ dialectique de la résistance et du pouvoir.
Quant à lui, le discours médical présente quelques patients dits « résistants », « résistants au traitement ». Dès lors, comment interpréter ce que désigne ce signifiant ? Et plus particulièrement dans les institutions de soins.
À côté des supposées résistances des patients, nous nous intéresserons aussi à celles de l’analyste, sur lesquelles Lacan revint avec insistance. « Il n’y a qu’une seule résistance, c’est la résistance de l’analyste. L’analyste résiste quand il ne comprend pas à quoi il a affaire (4) . » Qu’est-ce à dire ?
De son propre aveu, Freud écrivait en 1927, « aux névroses je n’entendais rien (5) ». Voilà qui n’est pas sans évoquer un certain renversement de celui qui n’entend pas, lorsque tel patient pourra être qualifié de « bouché ». Ce patient, décrit comme celui qui résiste à entendre ce que le clinicien, l’analyste, interprète, indique, pointe. « Il n’entend pas ! ». Occasion de reprendre cette question : « Qui résiste (6) ? »

Margot Pourrière

(1) Jacques Lacan, La logique du fantasme dit « Séminaire XIV », version critique et commentée de Michel Roussan, Paris, (1966-1967) 2017, séance du 10 mai 1967, p.235.
(2) Jacques Lacan, Le Séminaire Livre I, Les écrits techniques de Freud, Paris, Le Seuil, 1975, p.31.
(3) Jacques Lacan, Le Séminaire Livre I, Les écrits techniques de Freud, op.cit., p.29.
(4) Jacques Lacan, Le Séminaire Livre II, Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1978, p. 266.
(5) Sigmund Freud, Sigmund Freud présenté par lui-même, Paris, Gallimard, 1984, p.21.
(6) Jacques Lacan, « Variantes de la cure-type », dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p.334.

Séminaire ouvert à tous, en salle et sur zoom. Pour vous inscrire, cliquez sur Participer

Contact : margot.pourriere@gmail.com

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  • Date(s) : 12/01/2023
  • Horaires : 21h00 - 23h00
  • Lieu : Maison des Associations 6 cours des Alliés Rennes